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« 13 janvier 1943 : appel forcé sous les drapeaux. Après un mois de classe en Allemagne, notre compagnie fut envoyée en Pologne ukrainienne infestée de partisans, près de Sarny et de Lutzk. J’ai servi autour des secteurs de Wiasma et de Smolensk. On pourrait écrire un livre sur les péripéties que j’ai vécues. Par exemple, un avion de surveillance russe nous survolait tous les soirs, lâchait sa bombe ou bien prévenait son artillerie de chacun de nos mouvements. Nous avons recherché des amis blessés sous le feu russe.

Nous sommes également partis à la recherche de camarades enlevés par les partisans, nous les avons retrouvés massacrés de façon horrible. Encerclés par l’ennemi, nous nous sommes quand même échappés. En tombant dans une fosse profonde, je restai inconscient six à sept heures, avec, à la clé, un traumatisme crânien, etc….

Blessé à la jambe gauche et à la main droite, alors que nous étions en pleine retraite dans la région de Minsk, j’ai été capturé le 28 août 1944. L’une des balles avait traversé ma cuisse et l’autre projectile, l’avant-bras qu’on dut en partie amputer.

Ma jambe folle ne m’obéissait plus. Pour me déplacer avec la colonne captive, j’utilisais un bâton sur lequel reposait mon genou gauche ; ce bâton que j’avais calé sous mon épaule droite me servait de tuteur, c’était une espèce de béquille oblique. Clopin-clopant, je devais marcher aussi vite que les autres prisonniers, sinon la mort m’était réservée ! Arrivés dans le premier hôpital russe, nous nous retrouvâmes à deux blessés dans l’uniforme maudit au milieu d’une centaine de blessés russes très excités qui se mirent à nous taper dessus. Le médecin-chef, une doctoresse, nous fit de suite rentrer dans l’infirmerie et nous administra une piqûre anti-tétanique. Un docteur m’ouvrit la plaie qui traversait ma cuisse, ceci sans analgésique ni calmant. Il vida dans cette ouverture béante un flacon d’alcool. Puis on me fit un pansement que je gardai des mois sans l’ouvrir.

Rassemblé à Smolensk, après avoir changé plusieurs fois de camps, je suis arrivé en septembre 1944 à Tambow. Pour avoir interdit à un groupe d’Allemands de nous sortir du wagon, et ce dans le but de nous éviter une corvée, j’ai été puni du karzer. Au début du séjour, on me chargea de mélanger de la paille et du limon pour construire des baraques et transporter de jour comme de nuit le bois abattu. Avant l’hiver, il nous fallut creuser d’immenses fosses, très profondes de surcroît, pour pouvoir y entasser les morts gelés ; les couches macabres étaient recouvertes de chaux. Après un certain temps passé au camp, la santé ne me permettait plus de travailler. Souffrant d’œdèmes, de typhus et de la malaria de Volhynie, j’ai été admis dans les lazarets de Tambow et de Kirsanow. Lors de notre transport de Tambow à Kirsanow, nous étions au départ cent malades dans le wagon. Du poisson salé, un peu de pain et un seau d’eau (nous étions en février) nous furent distribués. Le trajet long de 80 km dura deux jours. Arrivés dans la nuit, les quelques valides restants furent fermement priés de sortir leurs vingt-cinq camarades morts entre temps. Nous dûmes nous placer à côté de la rangée macabre pour pouvoir être comptés. Ensuite, on se traîna laborieusement à pied au lazaret qui était encore loin. Là, on me donna des flacons de valériane sans m’indiquer la manière de prendre ce puissant médicament tonicardiaque. Les praticiens avaient dû me découvrir une anomalie du cœur.

Tambow et son catalogue de misères : l’hygiène absolument zéro, la  nourriture incertaine et froide, la vermine pullulant dans les dortoirs faits de rondins, les appels fastidieux (interminables !) lors du comptage méticuleux du matin et du soir par n’importe quelle température. Les W.C. étaient naturellement une question à part.

Le transport des morts se faisait chaque matin vers la morgue où il fallait les déshabiller (si ce n’était pas déjà fait !) pour que la sentinelle russe qui nous accompagnait pût inscrire avec un crayon à encre le nom des malheureux qu’elle affichait sur leur poitrine. Sur les bats-flancs de la baraque-hôpital, les moribonds étaient lentement et quotidiennement déplacés vers la porte au fur et à mesure que mouraient les plus atteints d’entre eux. Le malade, pour qui allait bientôt sonner le glas de sa disparition pouvait de la sorte se voir avancer inexorablement vers la mort ! Rapatrié le 2 novembre 1945, je me suis évadé du train avec douze prisonniers et nous avons pu rejoindre sain et sauf l’Ambassade de France à Varsovie. Mon médecin traitant m’a annoncé à mon retour que psychologiquement j’avais vieilli de 15 ans ! »

Musslin Laurent, né en 1920


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