« Le 13 janvier 1943, j’ai été enrôlé dans un Panzergrenadier Regiment (ce nom martial n’était qu’un leurre, car on n’a vu que des grenadiers, mais pas de panzers à la caserne !) à Ludwigsburg, Augsburg et Dresden. 

Lorsque notre division partit se ressourcer en France, les Alsaciens restèrent arbitrairement cantonnés en garnison allemande. Je suis parti en janvier 1944, un an jour pour jour après mon incorporation, à Orcha dans le Mittel Abschnitt. J’y fus blessé par un Steckschuss, la balle resta fichée dans mon bras gauche. 

J’ai été capturé le 6 juillet 1944 à Minsk par trois partisans respectivement âgés de 55 ans, de 33 et le dernier d’une quinzaine d’années environ. Le partisan de 33 ans a assassiné, à côté de moi, trois Allemands qui s’étaient rendus. Nous avons marché quatre jours et quatre nuits sans disposer d’aliments, on nous consentait seulement une heure de repos, en position assise au milieu de la chaussée. En cours de route, à un moment donné, nous avons aperçu les cadavres des colonnes précédentes, gisant couchés, la face dans la boue, devant une mare, avec leur bouteillon (Feldflasche) crispé encore dans la main. Poussés par la soif, ils avaient dû être exécutés par des gardiens débordés, pour s’être précipités, sans retenue sur ce point d’eau insalubre. 

La vision des mourants couchés sur leur litière au lazaret de Tambow, le regard indiscret par la lucarne de la baraque 22 pour découvrir les cadavres nus, marqués d’un numéro sur le ventre, ça me poursuivra nuit et jour jusqu’à mon dernier souffle. 

Un œdème gonflait mes jambes le soir, et le matin c’est ma tête qui enflait anormalement sous les assauts de l’avitaminose. J’ai hérité de trois jours de corvée de latrines. Mon rapatriement eut lieu le 19 octobre 1945.

Mon frère est mort en 1945 des suites d’une blessure de guerre au poumon. Gravement blessé et traité dans un hôpital allemand, il entendit le front américain se rapprocher, et après huit jours de traitement, se rendit aux Boys. Il fut transféré par convoi à Marseille. Son train, pour l’anecdote, passa à Roeschweig devant la maison paternelle ! Il fut parqué dans un grand pré, sans toit, pendant trois semaines, presque sans nourriture. Son poumon dans ces conditions ne put jamais guérir. »

Schmitt Marcel, né en 1922

 

 


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